jeudi 14 mars 2013

Une enfance hors du commun au coeur de la guerre





Servi par une plume incisive, ce premier roman se distingue à plus d’un titre : l’enfant qui savait parler la langue des chiens, c’est l’histoire extraordinaire de Julek, né en 1929 à Moscou de parents polonais et communistes, qui va, à six ans, fuir avec sa mère en France. De changements d’identités en déracinement, ce sont les bouleversements de l’Europe puis de la seconde guerre mondiale que Joanna Gruda nous montre au travers du regard de cet enfant, son propre père. 


On lit L’enfant qui savait parler la langue des chiens, comme un récit d’aventures, comme un témoignage également. La naïveté de l’enfance apporte de la douceur à des moments, qui pourraient sombrer dans la tragédie : il reste bien des moyens de s’amuser en temps de guerre, y compris mettre le feu à des fusées de l’Occupant pour s’offrir un beau feu d’artifice  "Ce qu'il y a de bien avec les anguilles, c'est qu'on peut en cacher une dans son dos et la faire apparaître subitement devant le visage d'une fille. Cris et hurlements assurés!"

 Le ton est frais, le discours simple mais jamais simpliste et le tout sonne juste. On sourit, on dévore les chapitres comme autant d’aventures rocambolesques et on se surprend à vouloir rencontrer Julek-Julian-Jules-Roger, qui s’appelle en fait Ludwik,_ toute une histoire et quelle histoire !

L’écriture pudique de Joanna Gruda rend un vibrant hommage à son père et le fait accéder ainsi à la postérité. Un beau cadeau à faire et à se faire !


Marie-Pierre Laëns
 

Joanna Gruda, L’enfant qui savait parler la langue des chiens, Boréal, ISBN : 978-2-7646-2216-2

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